GÉOGRAPHIE

Très anciennes, impressionnant par la hauteur et la finesse de leur silhouette et surtout par l’état de conservation de leur peinture intérieure, les églises en bois de Maramures mettent le nord du pays sur la liste des incontournables de la Roumanie culturelle. Leur valeur sûre a été certifiée par l’inscription en 1999 dans le patrimoine mondial UNESCO des huit d’entre elles : Poienile Izei (1604), Budești (1643), Rogoz (1663), Bârsana (1720), Surdești (1721), Desești (1770), Plopiș (1796) et Ieud Deal (datée récemment du XVIIIe siècle même si l’année 1364 a longtemps été considérée comme année de création). Gardées et soignées précieusement par les locaux, leur visite représente aussi une excellente occasion d’échanger avec des villageois plus marqués par la valeur spirituelle de leur église que par son esthétique. L’accès se fait à la demande alors qu’autrefois ce privilège était transmis de père en fils. 

A côté de son patrimoine culturel, le Maramures en dispose aussi d’un autre, humain. Fiers de leurs racines, déterminés à les perpétuer en transmettant d’une génération à l’autre le savoir-faire en matière du travail du bois, du tissage et l’artisanat textile, fidèles aux moyens de production et aux pratiques quotidiennes traditionnelles, bons vivants étant donné leur amour pour la musique, la danse, la nourriture et la horinca, les habitants de cette région font la richesse de la Roumanie en terme de diversité culturelle. Les voir vêtus d’une livrée traditionnelle remarquable pour les grandes fêtes religieuses de l’année ou, plus discrète, pour la messe de dimanche, en train d’assembler des meules de foin, de labourer la terre à l’aide du cheval ou de laver leur linge aux lavoir commun - vâltoarea, sous la force naturelle de l’eau, c’est un vrai spectacle digne d’être immortalisé par les meilleurs photographes.  

Mais les pièces du Maramures traditionnel sont désormais comme celles d’un puzzle disséminées au milieu de la modernité ambiante, que le voyageur assemblera plus probablement a posteriori dans ses souvenirs. Très liées entre elles, les différentes générations familiales cohabitent derrière de grands portiques en bois ornés de symboles, qui s’ouvrent sur des espaces communs où se côtoient vieilles bâtisses en bois ou en torchis et constructions récentes toutes de parpaings et de verre, aux dimensions parfois impressionnantes. Certains se sont ainsi laissé leurrés par le vernis brillant venu de l’Occident, oubliant leur héritage traditionnel. Heureusement, l’idée de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine architectural typique a aussi fait son chemin. De cette façon, des intérieurs en bois brut embellis des tapisseries de laine colorée, tissées à la main, assurent le dépaysement des passionnés.