GÉOGRAPHIE

Pays des trois Criș, abondamment pourvu de grottes, de gorges, de lacs karstiques et de cascades, la Crisanie (en roumain: Crișana) est la terre magique des Moți, ces habitants des monts Apucènes (ou Carpates Occidentales) qui seraient considérés comme les descendants directs des Daces. Ici on pratique encore la transhumance, les humains vivent modestement, séparés les uns des autres par de grands pâturages, loin de la civilisation mais très proches de la nature, de leurs racines et de la divinité. Ici le silence profond est perturbé seulement par les cloches des églises ou par le son inimitable du tulnic. Ici sont les racines de la révolte paysanne de 1784 – 1785 ainsi que de la lutte pour les droits des roumains d'Ardeal (l'équivalent roumain pour Transilvania) en 1848, qui a donné au peuple roumain un de ses héros : Avram Iancu (1824 – 1872). 

Intégrée dès 896 au royaume médiéval de Hongrie, la Crisanie a connu le même destin que le Banat. Après la Bataille de Mohács (1526), son nord-est (le Partium) a été intégré dans la Principauté de Transylvanie jusqu’en 1867, date à laquelle cette dernière a été abolie et la région a été intégrée au Royaume de Hongrie, qui faisait alors partie de la double monarchie austro-hongroise. Le sud-ouest a été annexé à l’Eyalet de Temeşvar (Banat) jusqu’en 1660, quand les turcs ont transformé Oradea en siège pour leur gouverneur (Varat Eyalet). En 1692, la province ottomane de Crisanie a été conquise par les Habsbourg et la région a été cédée à l’Autriche en 1699. A la fin de la Première Guerre mondiale, la Crisanie historique a été divisée, selon des critères ethniques, en deux, entre la Roumanie et la Hongrie. 

La ville de Oradea, peuplée aux XIe et XIIe siècles par des magyars et des colons wallons et lombards, reste encore une porte ouverte vers l’Occident. Nœud routier, souvent utilisé seulement comme point de passage, elle a pourtant de quoi surprendre ses visiteurs. Ses bâtiments historiques aux façades colorées et ornées, en rénovation chacune à son tour, invitent à flâner sur les rues du centre-ville ou à se ressourcer sur une de ses terrasses. Les murailles de l’ancienne citadelle abritent le musée d’histoire de la ville qui donne l’opportunité de plonger dans son passé ainsi que dans la vie culturelle locale. Des concerts de musique classique, des spectacles de théâtre médiéval, des expositions d’art rassemblent des habitants d’origines diverses, en vertu d’une longue tradition de cohabitation interethnique.