Le "Pays des Hêtres", bucolique et mystique à la fois, abrite dans ses vallées, parmi ses douces montagnes, un ensemble unique au monde d’églises embellies de fresques extérieures, dont huit font partie du patrimoine mondial UNESCO : Pătrăuți (1487), Voroneț (1487), Arbore (1503), Suceava (1522), Humor (1530), Probota (1531), Moldovița (1532) et Sucevița (1583). La construction de certaines d’entre elles est associée au nom du voïvode Etienne III de Moldavie (Ștefan cel Mare) qui, pendant son règne (1457 – 1504), aurait fait bâtir des églises après chaque bataille gagnée, tandis que leur peinture extérieure est due à son fils, Pierre IV Rareș (1527 – 1546), comme affirmation de la foi chrétienne devant l’expansion des ottomans, qui sont restés respectueux de ces chefs d’œuvres manifestes, pour la joie de la postérité.
Partie intégrante de la Principauté de Moldavie jusqu’en 1774, quand le territoire fut annexé à l’Empire Habsbourg, la Bucovine a pour chef-lieu la ville de Suceava, capitale de toute la Principauté entre 1388 et 1564. Aujourd’hui, avec une architecture fortement marqué par le passé communiste du pays, la ville ne garde que cinq de ses quarante églises médiévales, la forteresse qui était jadis le siège du pouvoir et des musées qui mettent magnifiquement en valeur les vestiges du passé glorieux de la région. La visite culturelle de Bucovine pourrait donc bien commencer ici, sans omettre de faire une incursion dans le monde de Ciprian Porumbescu (1853 – 1883), illustre compositeur roumain qui a su, tout comme George Enescu (1881 – 1955), capter magnifiquement l’âme du peuple roumain à travers ses créations.
Son patrimoine matériel mis à part, la Bucovine épate par un univers rural imprégné de sens. Immuable, le village traditionnel assure un contact réel avec la nature et l’accès à des coutumes dont les traditions d’hiver, d’une grande valeur ethnographique et spirituelle, garantissent la joie de pouvoir en témoigner. Quant à l’artisanat, la Bucovine représente le "nid" des œufs peints – une préoccupation ancestrale aussi impressionnante au niveau technique que du rendu final. L’art de la broderie et du travail du bois ne lui sont pas non plus étrangers. Et la gastronomie… Savoureuse, fidèle aux ingrédients naturels et aux vielles recettes de famille, la cuisine locale a une identité bien à elle qui attend d’être appréciée aux cotés de tout ce que cette région, où tant de communautés se sont côtoyées, peut offrir au monde entier.