Point où le Danube, dans son long périple vers la Mer Noire, rencontre les Carpates dans un magnifique défilé, Clisura Dunării, d’une longueur d’environ 140 km, la région montagneuse du Banat, avec son paysage karstique, est une destination parfaite pour les randonnées. Le complexe de vingt-deux moulins à eaux d’Eftimie Murgu, qui moulent encore toujours aussi bien le temps que le grain, embellit le cadre tandis que la station thermale de Băile Herculane, actuellement soumise à d’amples travaux de restauration, a longtemps fait la gloire de la région. Construite par les romains en l’an 153 pour les propriétés curatives des eaux de Cerna (aujourd’hui parmi les plus anciens bains au monde), elle a représenté un point d’attraction majeur pour l’aristocratie romaine. Après leur modernisation, les bains ont été fréquentés à plusieurs reprises par l’empereur François-Joseph et sa femme Elisabeth (Sissi).
Mais l’histoire relativement récente du Banat ne commence pas avec la période autrichienne. Au sens large du terme, banat désigne une marche-frontière du royaume médiéval de Hongrie intégrée dans son système défensif anti-ottoman. En 1552 le territoire est transformé en province ottomane (Temeşvar Eyalet) tandis qu’en 1718 il entre en possession des Habsbourg d’Autriche sous le nom de Banat de Timișoara. En 1779 la province est incorporée dans le nouveau royaume de Hongrie jusqu’en 1919, lorsque la partie orientale du Banat historique reviendra à la Roumanie. Ce parcours explique donc sa structure ethnique, ainsi que son architecture urbaine qui lui confère indubitablement un air d’Europe centrale. Timișoara, le chef-lieu de Banat (l’historique ainsi que le moderne), en témoigne. Dynamique et en plein essor économique, elle est une des portes que la Roumanie ouvre largement vers l’Occident.
Cette "Petite Vienne" cosmopolite, où l’on parle couramment le roumain, le serbe, le hongrois et l’allemand, est une ville d’avant-garde : elle fut la première ville roumaine à s’équiper d’éclairage public au gaz (1857), d’un tramway à cheval (1867), de l’électricité (1884) et du tramway électrique (1899). Dotée d’un riche patrimoine architectural, la ville est un musée à ciel ouvert. Certains de ses quartiers, qui ont conservé des caractéristiques des villages traditionnels des Souabes (colons germanophones issus, tout au long du XVIIIe siècle, d’Alsace, de Lorraine et du Luxembourg) sont de vrais fragments d’histoire. À ce propos, il est impossible de ne pas mentionner son statut de "Première Ville Libre" du communisme lors de la révolution de 1989. Aujourd’hui, elle s’apprête assidûment à endosser son statut de "Capitale européenne de la culture" en 2023, prenant ainsi la digne succession de Sibiu en 2007.